Doris passe à la caisse
Doris, le joueur de tours, n’était pas l’exception. Il était plutôt la
règle quoique avec une sophistication douteuse. Mal lui en prit un jour...
Dans cette immense usine, nous avions pour nous déplacer rapidement, sans que notre
état de garde ne trouble trop notre état de veille, de fantastiques véhicules électriques que nous nommions « Joual » ou « Cushman ». Il s’agissait de petits triporteurs jaunes
comportant un siège pour le conducteur, un autre siège dos-à-dos pour un passager assis et d’un marche-pied arrière pour un passager (illégal), debout, les mains agrippées à l’arceau de sécurité.
Nous avions des dizaines de ces véhicules aussi pratiques que reposants.
Un soir, vers l’heure du souper, Ti-Mine conduit, Doris est assis derrière, dos-à-dos
avec Ti-Mine et Malenfant, un mécano issu des mines d’amiante de Cold Lake se tenant debout sur le marche-pied arrière, de telle sorte que son bas-ventre arrive à quelques centimètres de la figure de
Doris.
L’équipage se dirigeait vers la cafétéria pour le souper et, les
« Cushman » convergeaient vers la soupe quand, dans une longue allée menant de la « track 3 » à la caf, Doris se mit en grande conversation avec Marcel, un collègue, circulant
parallèlement sur un autre joual. Impatient, Malenfant, le mineur, résolut de contrecarrer cette conversation qui les ralentissait et qui risquait de les mettre en retard et de lui faire perdre sa
place à la table des joueurs de poker.
Malenfant, qui avait peu à envier à Doris en matière de dissipation, dézippa sa
chienne bleu-royal-GM jusque sous son pubis et extirpa de son berceau son considérable zizi et, volontairement, de façon réfléchie, en fouetta la face éberluée de son comparse. Doris,
incapable de se soustraire à la volée, gesticulait comme un diable en criant MAU-DIT COCHON ! MAU-DIT COCHON !
Quand Marcel, le gars qui était sur le joual voisin, raconte la chose, il n’en revient
pas encore.
Them
Septembre 2003
Édition et mise en page: Polysec
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